Par Françoise Bouzin

« Ensuite, j’ai eu l’occasion de racheter des parts du Café Dillens. Mon associé cherchait un chef et je me suis proposé. Et, 16 octobre 2018, je me retrouve derrière les fourneaux. De 2018 à 2020, ce sont deux années exceptionnelles. Puis le Covid ». Deux ans de galère. Mais aussi d’inventivité. Pendant le second confinement, avec ses associés, il lance un traiteur en bocaux. De cette contrainte naît une idée plus grande : Ivresse, ouvert en 2022, à la fois restaurant et épicerie. À l’avant, la boutique. À l’arrière, un restaurant gastronomique qui prend rapidement de l’ampleur. Une carte courte, un menu dégustation, un esprit de bar à vins. Le succès est fulgurant, la presse élogieuse, l’endroit devient hype. Presque trop. « On était tellement complets que les gens n’essayaient même plus de réserver. »
Saint-Job : l’appel du bistrot

Mais le Parvis Saint Pierre à Uccle est un terrain compliqué pour l’Horeca et en particulier pour le gastronomique. Un jour, Benjamin passe devant Au Repos de la Montagne, à Saint-Job.
L’ancien café colombophile est « à remettre ». Il en tombe amoureux. Le lieu est en curatelle. Il fait une offre. La suite est inattendue mais en même temps un cadeau: il devient propriétaire et s’entoure de deux associés. « L’ouverture se passe bien, malgré les galères de personnel. La distance, les transports qui rendent le recrutement difficile.
Aujourd’hui, on a trouvé la bonne équipe : deux jeunes de 22 ans, dont un ancien stagiaire devenu chef exécutif. » Une cuisine belgo-belge et même franco-belge, assumée, une carte, aux prix justes, au plaisir sans intimidation. Le succès est immédiat. « On est dans une époque où les gens veulent de la simplicité. Le panier moyen n’est plus celui d’il y a dix ans. »
Trois maisons, trois identités :

Benjamin Rauwel est aujourd’hui à la tête de trois établissements, sans chercher l’effet groupe. Dillens, une institution de quartier, bar-bistrot, ancré dans le quotidien. Ivresse : une cuisine
moderne et classique à la fois, bourgeoise, sans prétention, précise mais chaleureuse. Au Repos de la Montagne : un estaminet authentique, populaire, sincère. Pas de fournisseurs en commun, pas de négociations massives, pas de centrales d’achat. Il travaille en local, sourcant avec soin.
« Au Dillens, on a fait appel à un groupement qui s’appelle Entier qui promeut l’achat d’une bête en groupe. Cela peut être intéressant pour certaines personnes. Rien ne se perd : le reste de joues de cochon d’un lunch peux se transformer en croquettes ou en parmentier le lendemain. Il n’y a pas de secret, on essaie de gâcher le moins possible, d’être inventif et logique. »

