« Après des années d’hésitation, je me suis enfin fait membre de la Fédération Horeca Bruxelles »
C’est déjà en 1987 qu’est né Remisco, renommé Sorgeloose&Trice en 2015, un cabinet spécialisé en opération de cession et d’acquisitions horeca en région bruxelloise. En 2002 Grégory Sorgeloose reprend l’affaire de son grand-père et, quelques années plus tard, Vincent Trice le rejoint en tant qu’associé. Les deux hommes sont assistés par Cécile Flamand, tout aussi passionnée par l’horeca qu’eux, dans ce qu’ils appellent « une micro-structure mobile, agile et efficace ».
Un cabinet spécialisé en opération de cession et d’acquisition horeca… Un descriptif plutôt compliqué pour deux agents immobiliers actif uniquement dans le monde de l’horeca. « Nous installons des restaurants ou concepts horeca où on irait nous-mêmes avec nos amis, familles et épouses », explique Grégory. « Notre job, c’est comme un agent immobilier, mais au lieu de vendre des maisons et des appartements, on vend des fonds de commerce ».
De grand-père en petit-fils
Le grand-père de Grégory, Paul Hosten, lui a tout appris. Après plusieurs années en tant que directeur général France-Belgique de la Brasserie Heineken, Paul se décide à vendre des fonds de commerce horeca en tant que pensionné. « Puis il y avait moi, un jeune qui se demandait ce qu’il allait faire de sa vie », raconte Grégory. « En 2001 j’ai commencé à travailler avec lui, en parallèle avec mes stages d’agent immobilier. Puis on a travaillé ensemble jusqu’à ce qu’il m’apprenne tout ce qu’il pouvait m’apprendre, à commencer par la passion qui l’animait. Il m’a même présenté Vincent, qui nous a rejoint en 2011. »
Depuis 1987, le cabinet s’est modernisé et rationalisé. Aujourd’hui, le cabinet est entièrement digitalisé et n’a pas de bureau physique ce qui permet, autant aux associés qu’à leur assistante, de travailler de n’importe où et n’importe quand. « On est en permanence sur le terrain, mais quand on a du travail de bureau on le fait depuis la maison, le musée, le parc… D’où on veut! », explique Grégory.
De BrusselsLife à Sorgeloose&Trice
Vincent Trice a commencé sa carrière dans la publicité et gérait un portefeuille client de plus de 300 clients Horeca sur Bruxelles. Grégory, via son grand-père, lui proposa de le rejoindre dans cette aventure afin de développer de beaux projets ensemble. Cela fait maintenant plus de 10 ans qu’ils collaborent. « On s’est digitalisé assez rapidement afin d’être plus efficaces et surtout de passer plus de temps avec nos clients » explique Vincent. « C’est un challenge de tous les jours et la satisfaction de nos clients nous donne cette force quotidienne. »
Structure
« Plus d’une affaire sur deux est mise en vente à cause d’associés qui ne s’entendent plus », commence Grégory. « C’est pour ça que Vincent et moi avons monté un système, à l’image d’un cabinet d’avocat, pour gérer notre affaire. Il a sa structure et j’ai la mienne. Ensemble, nous avons un contrat de collaboration sous un nom commun. » Pas de société commune donc pour les agents, mais un système un peu anglo-saxon qui permet d’avoir un partage de clients et d’affaires, tout en gardant son autonomie.
L’aspect préféré de Grégory, c’est le contact clientèle. « Je vois des gens différents tous les jours, avec des histoires différentes à chaque fois », explique-t-il. « Un jour n’est pas l’autre ». Ce qu’il aime aussi, c’est « quand on a installé quelqu’un et que ça fonctionne ». « Nos clients sont des gens qui veulent créer quelque chose. Au début, on les voit dans leurs petits appartements ou dans leurs garages ou ils pensent avoir un concept solide et un plan financier stable. » Le but de Sorgeloose&Trice est de mettre tous les éléments en forme afin qu’une opération de cession s’opère dans les meilleures conditions, à la fois pour l’acquéreur que pour le vendeur. Quand l’entrepreneur est valable, sérieux et sait gérer une affaire, c’est bingo. « Rien que pour ça, on est content de se lever le matin. »
Clientèle
Depuis quelques années, Grégory remarque un glissement de la clientèle. « Avant c’étaient des grosses enseignes et des grosses brasseries », explique-t-il. « Maintenant ces grosses enseignes ne sont plus à la mode et/ou ne se vendent plus aux prix pratiqués avant. » L’horeca fait donc place à une nouvelle génération, avec des moyens financiers plus modestes mais de grandes idées, qui voit l’horeca plus comme un business que comme une passion. « On ne peut pas encore savoir comment ces nouveautés – comme les dark kitchen ou les concepts mono-produits par exemple – évolueront à terme », explique Grégory. « Je pense personnellement que le but de ces nouveaux entrepreneurs est de développer et de vendre à terme, même si une certaine forme d’amusement et d’excitation les anime. C’est une source de profit pour eux avant d’être une source de plaisir. »
La Fédération Horeca Bruxelles, elle-aussi, veut être présente pour tous les joueurs du monde de l’horeca. Pourtant Grégory est resté sceptique très longtemps. « Ça fait des années que j’hésite à me faire membre », explique-t-il. « Maintenant j’ai enfin sauté le pas. J’ai vu un renouveau à la Fédération et je pense que ça peut être sympa, mais il y a beaucoup de travail. » Pour Grégory, la Fédération est une source d’information et de contact. « Ce qui est prioritaire, c’est de protéger les patrons d’horeca », conclu-t-il.
« Il est important de continuer à fédérer le secteur, rester soudé et ensemble afin d’être plus fort et avoir plus de poids », explique Vincent. « Il est important de le rappeler car beaucoup de nouveaux acteurs ou même de plus anciens, sous-estiment la force que peut avoir la fédération en termes de soutien et d’informations. »
Problèmes urbanistiques
Le gros problème dans son métier, ce sont les règlements urbanistiques. C’est « un foutoir », selon lui. « Entre les permis, les affectations, les catégories d’horeca peu claires et/ou laissées à l’appréciation d’un fonctionnaire, les situations de fait depuis plusieurs décades et pourtant illégales… C’est incompréhensible. » Grégory donne l’exemple d’un restaurant ou tout est en ordre (code NAS, pompiers, conformités écrites…), mais qui est considéré comme fleuriste à l’urbanisme depuis plus de 40 ans. N’oublions pas le problème cataclysmique des terrasses en intérieur d’ilot, existant par milliers en région bruxelloises, et pourtant interdites. Des cas comme ça, Grégory en a au moins une dizaine par an. « Il est temps que ça bouge à l’administration », dit-il.
Néanmoins Grégory nuance: « Tout le monde à peur du monde de l’horeca, mais cette crainte est infondée. C’est un secteur bourré de qualités très humaines, et souvent source de grande satisfaction et de profit, malgré ses défauts intrinsèques ». D’après lui, l’horeca ne s’éteindra jamais. « Il va se modifier et se changer, mais continuer à chaque fois de plus bel ! »
Vanille Dujardin.