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BeHoreca: L’AFSCA, une agence pas comme les autres

En 2021, environ 10 000 consommateurs ont contacté l’AFSCA, l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire, afin de poser des questions sur la sécurité alimentaire ou signaler des problèmes relatifs à un produit ou à une entreprise alimentaire. L’agence prend par ailleurs de nombreuses initiatives pour informer et guider les professionnels actifs dans la chaîne alimentaire afin de maintenir le plus haut niveau possible de sécurité alimentaire sur le terrain. BeHORECA fait le point sur l’action de l’agence avec Jos Dusoleil, son directeur général.

Pouvez-vous rappeler en quelques mots ce qu’est l’AFSCA ?

L’AFSCA, l’«Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire», regroupe tous les services de contrôle compétents pour l’ensemble de la chaîne alimentaire et s’occupe de la prévention et du contrôle de certaines maladies animales et végétales. Ses tâches comprennent également la réglementation opérationnelle des contrôles, la certification et l’établissement des normes d’infrastructure que les entreprises opérant dans la chaîne alimentaire doivent respecter. 

Quels sont les principaux problèmes en matière de sécurité alimentaire à Bruxelles ?

Le plus grand défi reste l’hygiène, qui est essentielle si vous êtes actif dans le secteur alimentaire. Partout (dans les hôtels, les restaurants, les cafés, etc.) où des aliments sont manipulés, il est important que la sécurité alimentaire et l’hygiène soient prioritaires. En tant que gérant d’un hôtel ou d’une entreprise de restauration, vous ne voulez évidemment pas que les clients contractent une intoxication alimentaire après avoir mangé chez vous ! Par ailleurs, les établissements de restauration semblent également avoir des difficultés avec la législation sur les allergènes ; les consommateurs doivent être informés de la présence d’allergènes dans les plats, et nous constatons que ces informations sont souvent manquantes ou incorrectes. Ce qui caractérise notre capitale animée – comme les autres grandes villes – c’est l’énorme diversité des cultures et la variété des nationalités et des communautés. Il existe parfois des barrières linguistiques, et la définition de ce qui constitue la sécurité alimentaire fait également l’objet d’interprétations différentes.

Quelles sont les solutions à ces problèmes ? 

Toute personne travaillant avec des aliments doit veiller à l’hygiène, ce qui ne nécessite pas d’investissements majeurs de la part de l’opérateur. Il s’agit simplement de nettoyer soigneusement et régulièrement la ou les cuisines, les équipements et le restaurant dans son ensemble, ce qui exige une certaine discipline et une certaine routine. Fournir des informations sur les allergènes ne doit pas non plus être difficile, cela peut se faire verbalement ou via le menu. Elle requiert l’attention et l’implication du gestionnaire ; par exemple, lors du passage à d’autres ou à de nouveaux produits, il est important de vérifier si les allergènes (par exemple, le lait, le soja, les arachides, etc.) sont inclus dans les ingrédients.

Pourquoi pensez-vous que l’AFSCA est parfois considérée comme le “mouton noir” du secteur de la restauration ? 

La sécurité alimentaire est notre priorité et le consommateur (et sa protection) est au cœur de notre politique. Nous sommes conscients que les entrepreneurs du secteur de l’hôtellerie et de la restauration ont traversé une période difficile, à la suite de laquelle certains ont vu leur chiffre d’affaires chuter de façon spectaculaire. Il est alors possible que des économies soient réalisées sur certains points tels que le service de nettoyage, ce qui a un impact sur l’hygiène (générale). Gérer une entreprise de restauration est un rêve pour beaucoup, mais cela implique énormément de travail : définir votre concept, demander les autorisations nécessaires, rechercher des fournisseurs, trouver et former du personnel. La sécurité et l’hygiène alimentaires peuvent être considérées comme faisant simplement partie du travail, alors qu’elles devraient figurer en tête de liste. Le secteur de la restauration et l’AFSCA sont inextricablement liés ; la protection du consommateur est notre objectif commun.

Qui décide de l’endroit où vous allez inspecter ?

Nous avons un programme d’inspection qui vise à inspecter toutes les entreprises selon une fréquence prédéfinie. La fréquence d’inspection d’une entreprise dépend de ses activités dans la chaîne alimentaire et du profil de risque de l’entreprise. Il s’agit d’un système entièrement informatisé qui fonctionne à partir d’informations provenant de nos bases de données. Ces bases de données contiennent des informations sur toutes les entreprises actives dans le secteur alimentaire, telles que : les résultats d’inspection des années précédentes, la présence d’un système de contrôle validé,… En outre, l’AFSCA dispose également d’un Centre de Contact Consommateurs, que les citoyens peuvent contacter directement pour des questions mais aussi pour des plaintes. 

Les plaintes peuvent concerner le mécontentement à l’égard de certaines entreprises, ou des denrées alimentaires qu’ils ont achetées ou consommées et qu’ils soupçonnent d’avoir rendu quelqu’un malade. Celles-ci sont transmises à nos inspecteurs qui sont actifs sur le terrain et effectuent une inspection sur place si nécessaire. Nous recevons également des rapports et des questions d’autres services publics, tels que la police, les bourgmestres, les inspections sociales et économiques, etc.

Comment travaillent les inspecteurs ? 

Ils se rendent sur place et inspectent l’établissement de restauration à l’aide d’une liste de contrôle. Cette opération est automatisée et chaque élément d’inspection est lié à un score qui indique l’importance de cet élément. À la fin de l’inspection, l’inspecteur génère un “résultat final” de celle-ci et peut alors l’évaluer très objectivement. Les infractions pouvant donner lieu à un procès-verbal et à une réinspection sont, par exemple, l’absence d’informations sur les allergènes, l’absence d’une installation pour le lavage des mains avec de l’eau courante et du savon liquide et le manque d’hygiène dans les lieux où les aliments sont préparés, manipulés ou transformés. Un résultat défavorable de l’inspection de l’AFSCA ne signifie pas toujours un risque grave pour la sécurité alimentaire. La réglementation est là pour garantir la santé du consommateur. 

Quand l’AFSCA procède-t-elle à une fermeture immédiate ? 

Le risque de fermeture à la suite d’une inspection est faible. Nous ne fermons les établissements de restauration que lorsqu’il existe un risque immédiat et grave pour la santé publique. À Bruxelles, environ 20% des inspections se terminent par un avertissement, 25% par une sanction et relativement peu par une fermeture immédiate. Pour faire court, dans toute la Belgique, seules 241 fermetures temporaires ont été effectuées en 2021.

Les gens sont-ils d’accord avec les sanctions ou la fermeture ? 

Certains opérateurs ne sont pas d’accord, et nous avons un bureau de médiation pour traiter les plaintes à ce sujet. Mais en général, nous pouvons dire que tant les entreprises que les consommateurs sont satisfaits de l’AFSCA et de son personnel. Lorsque des problèmes sont identifiés lors de nos contrôles, nos contrôleurs recherchent activement des solutions, formulent des recommandations et clarifient la législation. Nous menons aussi régulièrement des enquêtes de satisfaction, tant auprès des entreprises que des consommateurs, et celles-ci sont bonnes. Par exemple, en 2017, plus de 70 % des personnes interrogées étaient “tout à fait d’accord” ou “plutôt d’accord” pour dire que l’AFSCA contribue à améliorer leur activité.