Be-Recycle : Boucler la boucle des déchets
Be Horeca

Be-Recycle : boucler la boucle des déchets

Le monde change et la gestion des déchets aussi. Adopté le 23 juin 2022, le Brudalex 2.0 vise une diminution de 30% du volume des déchets incinérés à Bruxelles. L’objectif ? La réduction de l’impact environnemental du gaspillage de ressources. Nous avons rencontré Bruxelles Environnement et différents acteurs du changement pour comprendre comment intégrer ces nouvelles obligations dans l’Horeca. À vos marques, prêt.e.s… triez !

Dossier par Romane Henkinbrant.

 

Les biodéchets professionnels en ligne de mire

Le 1er mai 2023, le Brudalex 2.0 entrera en vigueur et avec lui l’obligation de tri des biodéchets professionnels. Mais concrètement, qu’est-ce que cela implique ?

Vous avez certainement déjà entendu parler de lui. Ce 23 juin 2022, le Brudalex s’est offert une deuxième vie dans une nouvelle édition modifiant l’arrêté de 2016. Sa raison d’être ? La gestion des déchets dans une approche d’économie circulaire. Ce cadre réglementaire fait force de loi à Bruxelles et s’adresse aussi bien aux particuliers qu’aux professionnels.

Cette réforme se base notamment sur les directives européennes en matière de déchets. La Commission européenne exige auprès des États membres et des collectivités de mettre en place certaines mesures pour atteindre des objectifs de réduction et de tri prédéfinis.

Dans notre plat pays, l’environnement est une compétence régionale. À Bruxelles, ces obligations sont traduites par le cabinet d’Alain Maron (Ministre de la transition climatique, de l’environnement, de l’énergie et de la démocratie participative) dans différents plans stratégiques. Le PGRD (Plan régional de Gestion des Ressources et des Déchets) en fait partie et illustre la volonté de la Région de réduire les flux incinérés et de s’orienter vers la circularité des matières et ressources.

Sous la tutelle du cabinet, Bruxelles Environnement participe à la mise en place, la formation et la bonne exécution de la loi. Agence publique pour le développement à Bruxelles, elle régule et traite tout ce qui se rapporte à la question d’environnement : les déchets, le bruit, la qualité de l’air, les eaux de surface, l’énergie, le climat, la gestion des espaces verts, la durabilité des bâtiments, etc.

 

Brudalex 2.0, toujours plus haut, toujours plus fort

Paru en 2016, le premier Brudalex s’était à l’époque déjà fait remarquer. Il imposait notamment le tri des PMC et des cartons. Le 23 juin 2022, une seconde version de ce cadre légal a été publiée, intégrant dans ses lignes une série de nouveautés, notamment l’obligation de tri de certaines catégories de flux pour les entreprises comme les films d’emballage en plastique, la frigolite, les plastiques rigides, le bois, les liens de cerclage, le métal et… les biodéchets, qu’il s’agisse des déchets végétaux (feuilles, tontes, branchages, bois) et des huiles comestibles (qui étaient tous les deux déjà soumis au tri obligatoire) ou encore des déchets alimentaires et sous-produits animaux.

Plus gros producteur de biodéchets en région (en dehors des particuliers), l’Horeca est particulièrement visé par ce Brudalex 2.0 qui entrera en vigueur le 1er mai 2023. Il requiert que le/la professionnel.le s’assure que la fraction des biodéchets soit triée à part des déchets dits « résiduels » et des autres déchets recyclables comme le PMC, le carton, etc. Concrètement, cela implique un changement d’organisation, une plus grande attention portée à la séparation des différents flux de déchets, une révision des contrats de collecte, la remise en question de ses partenaires et l’adoption de nouvelles habitudes, plus écoresponsables.

Le Facilitateur Biodéchets Professionnel a publié une fiche complète sur le tri des biodéchets à destination des professionnels (comment s’organiser, quels contenants choisir, etc.). Toutes les infos sur www.recyclebxlpro.be/fr/bien-trier-les-dechets/biodechets/ 

 

Dans la famille « collecteurs », je demande…

C’est bien beau de recycler, encore faut-il pouvoir le prouver ! Les collecteurs agréés sont les meilleurs (et seuls) alliés des professionnels pour témoigner de leur implication dans la course du tri des déchets.

Pour prouver qu’elles respectent les nouvelles obligations de tri du Brudalex 2.0, les entreprises sont tenues de conserver les preuves de leur bonne gestion des déchets. Cela passe notamment par la signature d’un contrat avec un collecteur enregistré auprès de Bruxelles Environnement. C’est ce dernier qui fournira au/à la professionnel.le les conteneurs et sacs nécessaires pour assurer un tri correct.

Si vous ne jurez que par Bruxelles Propreté, sachez que de nombreux collecteurs privés sont également actifs sur le marché. Une liste non exhaustive est disponible sur le site de Bruxelles Environnement https://app.bruxellesenvironnement.be/listes/?nr_list=CED0205 . Parmi eux, deux initiatives nous on fait sourire.

Comment bien choisir son collecteur enregistré ?

Chaque professionnel.le peut faire affaire avec le collecteur qu’il/elle souhaite. Le choix dépend généralement du prix proposé par le prestataire mais cette nouvelle obligation risque de soulever de nouvelles questions, notamment celles :

  • De la qualité des contenants proposés ;
  • Du service rendu ;
  • De la fréquence des collectes ;
  • De la flexibilité du collecteur ;
  • Du nettoyage et/ou du remplacement des contenants ;
  • De l’existence ou non d’un diagnostic de terrain ;

Recyclo rime avec…

Recyclo
Recyclo

Copine des restaurateur.rice.s depuis juillet 2021, la coopérative Recyclo a pour leitmotiv la transition écologique et la régénérescence de notre environnement. Elle nourrit ces ambitions à coup de biodéchets professionnels récoltés… à bicyclette.

À la source de Recyclo, la volonté d’améliorer le métabolisme urbain, concept académique qui incarne les échanges entre la campagne et la ville : la première est plutôt productrice d’alimentation tandis que la seconde concentre la population qui la consomme, l’équilibre résidant dans le retour des nutriments issus du milieu urbain vers le rural. Mais cette circulation des flux ne peut avoir lieu sans une logistique aboutie.

Dans cette idée et avec le soutien de l’appel à projets « BeCircular », Recyclo s’est lancé dans la récolte des biodéchets professionnels sur le territoire de Bruxelles-Capitale (jusqu’ici incinérés par la ville) pour prochainement les valoriser dans un compost certifié (les différentes demandes de permis, certifications et autorisations sont en cours) sur le site de Tour et Taxis. L’objectif à long terme : redistribuer cette matière produite hygiénisée dans les terres agricoles.

De quelques maisons de repos à ses débuts, la coopérative aux boîtes bleues est passée à environ 12 tonnes de déchets récoltées chaque mois auprès d’une cinquantaine de restaurateur.rice.s bruxellois.es, séduit.e.s par les promesses de Recyclo :

  • Emmanuel Baeten est l'un des co-fondateurs de Recyclo.
    Emmanuel Baeten est l’un des co-fondateurs de Recyclo.

    Le prêt de boîtes bleues hermétiques pour accueillir les biodéchets et leur remplacement par des récipients propres à chaque récolte ;

  • La collecte de tous les déchets organiques issus de la cuisine et de la salle à manger, c’est-à-dire les épluchures mais également les serviettes en papier, les os, les arêtes, les œufs, les coquillages, etc. ;
  • La prise en charge de ces déchets dans l’espace dédié (cuisine, réserve, cave, local poubelles…) ;
  • La prestation à la fréquence, l’heure et la quantité souhaitée ;
  • Les déplacements en vélos cargo qui garantissent une récolte à zéro émission et l’accès simplifié dans le centre et l’hypercentre de la Capitale.

En contrepartie, les restaurateur.rice.s sont tenu.e.s à une grande qualité de tri qui déterminera la qualité du compost. Une participation financière est également requise : Recyclo préconise la facturation par couvert servi (0,12€ HTVA / couvert, potentiellement transférée sur le client comme contribution aux frais de gestion des déchets) mais peut s’orienter, selon la demande du/de la restaurateur.rice, vers une formule adaptée en fonction de la fréquence de passages, du nombre de boîtes récupérées ou de leur poids. Tout enlèvement est irrémédiablement identifié, pesé et tracé : cela permet à la coopérative de fournir aux établissements la preuve légale de la somme des déchets collectés chez eux sur l’année, à conserver par l’institution pendant au minimum 5 ans.

Pour amplifier son impact, Recyclo travaille actuellement sur différents projets durables, notamment la mise en place d’un return supply chain qui consisterait à rouler vers les établissements chargée de denrées alimentaires commandées chez un grossiste local. D’autres pistes : la récupération de déchets valorisables autrement qu’à travers du compost (comme le marc de café ou les bouchons en liège) ou encore le développement de récipients réutilisables mis à disposition de food trucks lors d’événements. Une affaire à suivre.

Recyclo récolte les déchets à vélo.
Recyclo récolte les déchets à vélo.

Dans les poubelles de Chabrol

« Avant, on sortait des sacs oranges comme les particuliers car cela nous tenait à cœur qu’il y ait une différenciation entre les biodéchets et le reste. Mais la récolte hebdomadaire n’était pas suffisante donc on avait un congélateur spécial dans lequel on stockait ces poubelles.
Recyclo nous a changé la vie. Déjà, leurs boîtes bleues sont hyper hermétiques : on a très peu de problèmes de mouches ou d’odeurs, même par canicule. On en rempli deux par semaine qu’ils viennent chercher les mardis et vendredis pour les remplacer par des boîtes propres. Ils sont flexibles sur les heures et jours de passages et très autonomes : ils ont les clés de notre restaurant et peuvent ainsi passer durant notre absence.
L’avantage principal de travailler avec Recyclo est qu’on peut tout mettre dans leurs boîtes bleues : les restes des assiettes des client.e.s, les coquillages, les carcasses, etc. On a ainsi considérablement réduit nos sacs fuchsias : pour 6 services de 30 à 35 couverts, nous ne sortons plus que 2 sacs par semaine. Cela nous fait des factures un peu plus élevées chez Recyclo mais cela réduits drastiquement celles de Bruxelles Propreté.
Ça amène aussi une dimension plus humaine à la gestion des déchets : on sait qui travaille, on voit régulièrement les livreurs, l’un des fondateurs est déjà venu manger chez nous… Ce sont de vrais partenaires de travail. Enfin, ils viennent à vélo et ça, c’est quand même extraordinaire.»

Sophie Marconi, co-fondatrice du restaurant Chabrol.

Les ressources de Stalem

Stalem
Stalem

Vous n’en avez peut-être jamais entendu parler. Il faut dire que Stalem se fait discret et préfère faire plutôt que dire. Leur pouvoir magique ? Transformer les déchets en ressources. Abracadabra !

Promenez-vous dans Bruxelles et remarquez par vous-même : la collecte des déchets reste une problématique incontestable, particulièrement dans les zones riches en commerces et établissements Horeca. L’insalubrité des espaces publics étant généralement corrélée à l’insécurité ressentie, certains quartiers de la Capitale en pâtissent particulièrement. C’est notamment le cas de Stalingrad-Lemonnier, pris en étau entre la petite ceinture, la jonction ferroviaire Nord-Midi et le centre-ville historique.

Face à ce constat, l’association des commerçants du quartier STALEM a créé en 2020 un système mutualisé de tri des déchets. Pour Nourredine Layachi, architecte de formation avec une licence en environnement en poche, « la gestion des déchets ne doit pas être une corvée mais un partage de valeurs ». Cela passe notamment des séances de formation pour sensibiliser les commerçants au tri des déchets et les accompagner dans le réaménagement de leur local de déchets.

Concrètement, ça fonctionne comment ? Une fois le contrat signé auprès de STALEM, des livreurs à vélo passent dans l’établissement affilié selon les désidératas du/de la commerçant.e pour récupérer les différents flux de déchets, triés dans des conteneurs spécifiques. Les biodéchets sont notamment divisés dans des bacs empilables de dimensions variables. Ces derniers sont ensuite acheminés vers un centre logistique urbain où opère la magie.

Car pour Mr. Layachi, « notre objectif n’est pas de gérer des déchets mais des ressources. Si les commerçants jettent le marc de café avec le reste, alors c’est un déchet. Mais s’ils le trient séparément, la matière peut être valorisée ». Ainsi, les denrées alimentaires encore consommables (comme le pain et les gâteaux) sont distribuées à des associations du quartier et les restes des préparations à des asiles de nuit, les pelures d’oranges utilisées pour faire du nettoyant tout usage et le marc de café de l’engrais, les bouchons (en plastique et en liège) apportés à une association namuroise qui met au travail des personnes en situation de handicap… 

Les déchets organiques non valorisables ainsi que les autres flux sont actuellement envoyés aux collecteurs Bruxelles Propreté et Vanheede mais STALEM espère atteindre l’indépendance et, un jour, offrir la gratuité du service : « Les commerçants ont des ressources dont la planète a besoin et nous sommes prêts à les racheter si elles sont correctement triées ». Cela passe également par la mise en place d’un groupement d’achats : « Quand on achète des denrées, on paie aussi le déchet. Mais si toute une région mutualise ses achats, elle peut être plus exigeante vis-à-vis du fabriquant. S’il ne produit pas un déchet mais une ressource, cela ne coûte plus rien ». 

Une fois enlevés, les déchets collectés sont enregistrés dans un rapport d’activité sur base duquel est facturé le service.  « La majorité des commerçants avec qui nous travaillons ont une facture moins importante que s’ils collaboraient avec d’autres collecteurs. L’aspect formation entre en compte. Chaque année, on augmente le nombre de clients mais on diminue le volume de déchets par commerçant ». 

Dans les poubelles du Comme chez soi*

« On a commencé avec STALEM avant le confinement. Avant, on travaillait avec Bruxelles Propreté : on sortait notre container trois fois par semaine. Ce n’était vraiment pas joli à voir, d’autant plus pour la clientèle de notre voisin lorsqu’elle s’attablait en terrasse. Avec STALEM, la majorité des déchets sont mis dans des bacs qui s’empilent et Mr. Layachi vient directement les chercher dans notre local poubelles, à la fréquence et aux horaires qui nous conviennent. C’est beaucoup plus gai pour le quartier. Puis c’est un travail de proximité, on retrouve ce côté humain qui disparaît de plus en plus.
Finalement, le plus gros défi, c’est de sensibiliser les équipes (et particulièrement les jeunes !) au tri : au restaurant, chaque poste doit trier en fonction du déchet qu’il produit. Mais même si au départ, cela demande un peu d’énergie, cela s’imprègne rapidement dans la routine. Cela ne doit surtout pas faire peur aux gens, c’est juste une question d’habitude. »

Laurence Rigolet, administratrice du restauration gastronomique Comme chez Soi*.

Compostez-vous bien

Parmi son lot de changements, le Brudalex 2.0 en apporte un bien mature. Professionnel.le.s, préparez vos pelles : le compost en entreprise est désormais autorisé !

Historiquement, seul le compost de quartier et le compostage individuel étaient autorisés sur le territoire bruxellois : s’ils le désiraient, les citoyens pouvaient composter ensemble leurs biodéchets dans un compost mutualisé, ou chacun chez soi. Depuis la parution du nouveau Brudalex, les restaurateur.rice.s qui le souhaitent peuvent mettre en place un site de compostage sur leur propre site sans permis d’environnement (PE) préalable. Néanmoins, quelques conditions sont à respecter :

  • Les entreprises doivent, quel que soit le moment de l’année, traiter moins de 25m3 de biodéchets en simultané. Si la quantité de déchets organiques en traitement excède à un moment ce volume, une demande de permis d’environnement doit être faite auprès de Bruxelles Environnement.
  • L’autorisation n’est valable que pour les composteurs manuels. Pour une solution plus technique (compost électromécanique), il faut à nouveau passer par un permis d’environnement.
  • Le gestionnaire du compost doit suivre une formation de « Référent.e de site », donnée par le Facilitateur Biodéchets pour les Professionnels et constituée de 3 à 6 modules (selon la taille du compost) au prix de 30€ le module par participant. Les inscriptions se font à l’adresse biodechetspro@environnement.brussels.
  • Le compost ne peut servir qu’à alimenter les plantations du site : il ne peut pas être distribué, ni aux clients, ni au personnel employé car le substrat ne dispose pas des garanties sanitaires permettant une distribution libre.

Plusieurs points de restauration regroupés sous le même numéro d’entreprise peuvent rapatrier leurs biodéchets sur un site unique. Si vous n’avez pas l’espace pour aménager votre propre compost, il existe également des composts en groupement d’entreprises. La condition supplémentaire est que les entreprises participantes se trouvent dans la même zone d’activité (commune, site industriel…) et signent un contrat entre elles. Renseignez-vous sur le site de Recycle Bxl Pro ou auprès du facilitateur pour plus de détails (biodechetspro@environnement.brussels).

Mazette, la bonne élève

Installée au cœur des Marolles depuis mars 2022, la coopérative Mazette composte de main de maître. Accompagné dans la démarche par le Facilitateur Biodéchets Professionnels de Bruxelles Environnement, le référent de site Yorick nous offre une petite visite des aménagements.

Yorick est l'un des co-fondateurs de Mazette.
Yorick est l’un des co-fondateurs de Mazette.

Imaginée comme réinvention de la restauration post-covid par les co-fondateur.rice.s Boris, Yorick, France et Pierre, la coopérative aux trois toques Good Food a comme unique langage la durabilité. 

Première étape lorsqu’on prend le parti pris du compost en entreprise : limiter les déchets à la source. « Mazette, c’est un peu le vrac de l’Horeca. On voulait créer un lieu où les denrées sont un maximum produites sur place, à partir de matières premières les plus brutes possibles [comprendre locales, bio, en agriculture paysanne ou en agroécologie], pour être consommées au même endroit ». L’établissement est ainsi équipé d’un grand four à bois où sont cuits chaque jour les pains façonnés au sous-sol, mais également d’une cuve de brassage, berceau de leur bière au nom éponyme : « Dans l’Horeca du 21ème siècle, cela n’a plus de sens de proposer des contenants individuels dans un endroit où le débit de boissons est important. Chez Mazette, l’idée c’est de brasser en 500L, fermenter en 500L et servir en 500L à l’aide de nos 4 cuves de service. Ainsi, on évite tout conditionnement ».

Les différents flux de déchets sont ainsi considérablement réduits, le principal restant étant celui des déchets organiques : « Pour produire ces 500L de bière par semaine, j’ai entre 150kg et 170kg de drêches. Il y a aussi les déchets de cuisine et de table, qu’on essaie de réduire en proposant des portions justes et, si besoin, des doggy bags. Pour valoriser tout ça, on a décidé de faire du compost ».

L’aventure commence dans des bacs hermétiques, conservés une semaine dans les cuisines. Tout y passe : épluchures, serviettes compostables mais aussi coquilles d’œufs, carcasses et coquillages. « Il faut juste faire attention à ce que les déchets soient grossièrement coupés pour que le processus de compostage se fasse rapidement et de façon uniforme ».  

Mazette possède son propre compost.
Mazette possède son propre compost.

Dans la cour trône (discrètement) la station de compostage de 9m³, divisée en 4 parties distinctes. La première est le bac d’apport dans lequel sont déposés les biodéchets ainsi que les drêches de bière une fois par semaine. Ils sont mélangés avec du broyat (récupéré auprès d’un jardinier qui travaille dans les environs de Bruxelles) qui est la matière structurante nécessaire à la bonne décomposition du compost. Le tout est recouvert d’une couche de broyat de bois, sous une forme un peu plus épaisse que de la sciure, pour éviter le développement de mouchettes ou d’odeurs : « C’est le pourrissement des déchets qui est à l’origine de ces nuisances mais ici, c’est une décomposition par des micro-organismes : tout est maîtrisé ». Tous les mois et demi environ, le contenu du premier bac est transféré dans le second, le second dans le troisième… et ainsi de suite. Au total, quatre retournements sont nécessaires pour obtenir du compost mûr et hygiénisé. 

Un élément à ne pas négliger : la qualité des installations. « L’outil qu’on utilise est vraiment déterminant pour la qualité de travail et du compost. On a choisi des bacs démontables pour faciliter les retournements. C’est certes un investissement mais notre aménagement a été en partie subsidié par la Région ». Via son service de Facilitateur de Biodéchets Professionnels, cette dernière accompagne ces motivés du mieux tout au long du projet : « Ils viennent sur place voir comment on s’en sort, prendre des analyses de notre compost et nous aider à différentes étapes du processus ». 

Une question persiste néanmoins : l’écoulement du compost. En effet, ce dernier ne peut ni être vendu, ni distribué : « En travaillant en groupement d’entreprises (par exemple avec le jardinier qui nous fournit le broyat), on pourrait leur rendre du compost en échange. De notre côté, on va en utiliser un peu au printemps pour nos propres plantations. Mais à long terme, je pense qu’il y a quelque chose à changer dans la législation pour avoir d’autres solutions ». 

 

Et les autres dans tout ça ?

Les biodéchets professionnels ne sont pas les seuls à être soumis au tri obligatoire. Petit rappel des bases.

Emballages

Les emballages représentent une grande partie du volume de déchets produits par les entreprises et chacune d’entre elles est responsable de la prévention et du tri de ce qu’elle génère. Il y a trois types d’emballages : les emballages primaires qui servent à emballer des produits, les emballages secondaires qui permettent de grouper des produits et les emballages tertiaires qui facilitent la manutention ou le transport. Ces derniers doivent être spécifiquement repris par un collecteur enregistré.

Déchets : PMC (plastiques, métaux et cartons à boissons), verre, papier-carton, bois, frigolite, films plastiques, liens de cerclage.

Déchets électriques et électroniques

Lorsque des appareils fonctionnant à l’aide de piles ou de courant électrique deviennent des déchets, on parle de « DEEE » (déchets d’équipements électriques et électroniques). Ils peuvent être repris par le fournisseur, par un opérateur agréé de l’économie sociale ou par un collecteur ou un recycleur agréé Recupel.

Déchets : les équipements d’échange thermique, les écrans, les lampes, les petits et gros « électros », les petits équipements informatiques et de télécommunication…

Déchets dangereux

Les déchets dangereux et leurs emballages sont potentiellement dangereux pour la santé humaine et l’environnement. Les entreprises qui souhaitent s’en défaire ont l’obligation de passer par un collecteur agréé (spécialisé dans la collecte de déchets dangereux) pour éviter toute contamination.

Déchets : médicaments, déchets de soins à risque, bois fortement traité, huiles usagées, piles, accumulateurs, batteries.

Automobile

Il s’agit des voitures et petites camionnettes en fin de vie, ainsi que leurs nombreux composants à trier séparément ou les composants eux-mêmes, arrivés en fin de vie. Ils sont soumis à diverses obligations selon leur nature.

Déchets : véhicules hors d’usage, huiles de vidange, pneus, vitres, batteries. 

Construction

Parmi les quelque 630.000 tonnes de déchets de construction et de démolition (DCD) produits chaque année à Bruxelles, 92% sont recyclés. Seuls les déchets inertes (pierreux), les métaux et les bois font actuellement l’objet d’un recyclage à grande échelle. Le processus de réduction et de valorisation des déchets démarre à l’étape de planification et de préparation du chantier.

Déchets : bois, verre plat, gravats, métaux, plaques de frigolite.

Autre

D’autres fractions couramment retrouvées en entreprise sont à trier à la source, comme les matelas et les plastiques rigides (qui seront tous deux soumis au tri obligatoire dès mai 2023) mais aussi les textiles (qu’il faudra trier à partir de janvier 2025), les mobiliers et encombrants. Le tri de certains déchets donne droit à des primes mais ils peuvent aussi être collectés par des entreprises spécialisées pour être valorisés, évitant ainsi de supporter les coûts de leur élimination.

Déchets : matelas, plastiques rigides, mobiliers et encombrants, textiles.

Recycle BXL Pro

Le portail Recycle BXL Pro aide les professionnel.le.s à trouver rapidement toute l’information dont ils/elles ont besoin pour trier et gérer leurs déchets à Bruxelles, dans le respect de la nature et de la loi. Il recense également les différentes formations gratuites organisées pour différents secteurs professionnels par le Facilitateur Déchets des Professionnels de la Région de Bruxelles-Capitale.

www.recyclebxlpro.be

De nombreux déchets sont soumis au tri obligatoire.
De nombreux déchets sont soumis au tri obligatoire.

Pour vous faciliter la vie…

Attachés à Bruxelles Environnement, les facilitateurs déchets font la connexion vers le monde professionnel.

Pour accompagner les professionnel.le.s, Bruxelles Environnement s’entoure de tout un réseau de facilitateurs spécialisés dans les matières que l’institut public traite. Les Facilitateurs Déchets sont composé d’expert.e.s thématiques en compostage, en tri et en prévention… pour porter assistance aux besoins spécifiques du terrain. Ils s’adressent aux professionnel.le.s au sens large, c’est-à-dire à toutes celles et ceux qui produisent, manipulent ou transforment des (bio)déchets. 

Les facilitateurs déchets délivrent plusieurs services, financés par la Région :

  • La sensibilisation, c’est-à-dire porter le message, notamment dans le cadre de l’obligation de tri des biodéchets professionnels ;
  • La formation, lors de séminaires dédiés aux professionnels ;
  • L’accompagnement de terrain, soit avec des conseils ponctuels via le help desk, soit via leurs services d’accompagnement et de diagnostic, sur base d’une demande spécifique pour améliorer la gestion, la prévention, le tri et/ou la valorisation des (bio)déchets sur le site de l’entreprise.
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