Le secteur hôtelier bruxellois à nouveau à la fête !
Bienvenue ! En 2023, la gamme hôtelière de la capitale va s’enrichir de nouvelles adresses. Petit passage en revue des ouvertures les plus attendues.
Par Sigrid Descamps. Photos : D.R. sauf mentions contraires.
Le plus branché : The Hoxton
Déjà implantée dans six pays, la chaîne d’hôtels open house The Hoxton poursuit son développement en Europe dans dix autres pays, dont la Belgique. Prochaine étape : Bruxelles ! Derrière la gamme, on retrouve Ennismore, la filiale lifestyle du groupe Accor, également aux manettes des établissements Mama Shelter, 25hours, Delano, Tribe ou encore So. Autant dire que la maison gère les codes du genre !
L’une des principales caractéristiques des établissements The Hoxton : leur ancrage dans un quartier spécifique, qu’ils entendent redynamiser. « Chaque hôtel est à l’image de son quartier, précise-t-on sur le site de The Hoxton, inspiré par la diversité des rues et des scènes qui l’entourent. » En l’occurrence chez nous, ce sera le quartier du Botanique. L’hôtel occupera en effet les quatre étages supérieurs de l’ancienne Tour IBM, rebaptisée Victoria Regina Tower. Il comptera 198 chambres, réparties en trois catégories (Cosy, Roomy, Biggy) à la déco d’inspiration 70’s avec des formes et motifs brutalistes (en lien direct avec l’architecture du bâtiment), avec du mobilier en bois foncé, des canapés en velours coloré, des têtes de lit à rayures et des tapis aux imprimés graphiques.
On y trouvera aussi un restaurant et bar d’inspiration péruvienne, le Cantina Valentina ; un bar et une taqueria, le Tope, dotés – point fort – d’un rooftop. De quoi attirer locaux et touristes qui, pour sûr, se rueront là lors des beaux jours pour siroter des cocktails en profitant de la vue panoramique sur la capitale.
Comme dans tous les autres hôtels The Hoxton, l’adresse bruxelloise comptera également un « Appartement », soit un ensemble de chambres privées centrées autour d’une cuisine commune, prévu pour accueillir des événements privés, et un espace de coworking : le Working From.
Infos : ouverture prévue le 1er avril 2023 ; 1 square Victoria Regina, 1210 Bruxelles, www.thehoxton.com/brussels
Le plus ambitieux : The Mix
C’est un joyau de notre patrimoine architectural, bien connu des Bruxellois : signé par le duo franco-belge Pierre Dufau et René Stapels en 1965, l’ancien bâtiment de la Royale Belge (devenu ensuite Axa), à Watermael-Boitsfort, s’apprête à vivre une seconde vie. Le projet pluridisciplinaire, baptisé « The Mix », est aussi vaste qu’ambitieux : sur les 21.000 m2 du site, se mêleront en effet restauration, sport, événementiel, coworking, finance et hôtellerie.
Si le projet est le fruit d’une collaboration entre de multiples partenaires de secteurs divers (mais complémentaires), la partie hôtelière plus spécifiquement est, elle, prise en charge par Limited Edition Hotels. Cogéré par Jean-Michel André, Philippe Bonnet et Eric Jacques, le groupe belge s’est fait un nom avec le lancement d’hôtels-concepts à succès, dont Le Jam et le WhiteHotel, qu’il a entre-temps cédés. Le groupe possède par contre toujours d’autres établissements en vue comme Le Berger, qu’il a entièrement relooké, et le Domaine de Ronchinne.
Sur le site de The Mix, LEH proposera un établissement 4 étoiles, doté de 140 chambres. Le bâtiment, remis au goût du jour par les architectes Peter St John, Dirk Somers, DDS+ et Ma2by, a obtenu la mention Excellent lors de la certification BREEAM (pour Building Research Establishment Environmental Assessment Method, soit la méthode d’évaluation de la performance environnementale des bâtiments ; ndlr.) et l’hôtel vise le label Greenkey, un label de qualité écologique. L’aménagement intérieur de l’espace a, pour sa part, été confié au bureau d’architecture du Bruxellois Lionel Jadot (qui a déjà signé les aménagements du Jam et du food court The Wolf, entre autres).
A côté de l’hôtel, on trouvera notamment 40 suites-studios de +/- 50 m2, un centre de fitness haut de gamme, un espace wellness avec piscines, trois restaurants du groupe Moma, un food court, des salles de réunion, un auditorium, deux salles de réception, un espace de coworking… Le tout entouré de 8 hectares de verdure, sur un site protégé Natura 2000. Des mesures ciblées ont évidemment été prises pour protéger la faune et la flore. Une belle réhabilitation pour un bâtiment d’exception !
Infos : ouverture en juin 2023, 25 boulevard du Souverain, 1170 Watermael-Boitsfort, mix.brussels
Le plus haut de gamme : Voco Brussels City North
Lancée en juin 2018 par le groupe hôtelier britannique InterContinental Hotels Group, la marque Voco – dont le nom vient du latin « inviter » ou « se réunir » – a été créée pour compléter l’offre haut de gamme de ce dernier, via la conversion d’anciennes propriétés. Son objectif ? Combiner les qualités et l’assurance du puissant groupe avec le charme et la simplicité de boutiques-hôtels indépendants.
Le déploiement de la marque Voco a débuté en Europe, au Moyen-Orient, en Asie et en Afrique, et devrait s’étendre en Amérique ; l’objectif étant d’ouvrir plus de 200 établissements sous cette bannière au cours de cette décennie, dans des destinations de villégiature et des centres urbains attrayants. Chez nous toutefois, pour son arrivée en Belgique, c’est hors du centre urbain, sur le campus d’innovation de Living Tomorrow, à Vilvoorde (accessible en voiture par les E19 et E40 ou en train), que le Voco Brussels City North sera installé.
Doté de 92 chambres, il sera aménagé dans une tour moderne de 50 mètres de haut, avec d’immenses baies vitrées, dans un espace verdoyant. L’établissement sera exploité par un partenaire d’IG, Prem Group. On y trouvera également un bar, un restaurant, une salle de sports et des salles de conférences. Le site lui-même sera le plus grand laboratoire expérimental d’Europe pour la création d’idées, notamment en matière d’hospitalité.
Infos : ouverture à l’automne 2023 ; 1 Indringingsweg, 1800 Vilvoorde. www.ihg.com
Le plus économique : Citybox
Avec son siège central en Norvège, Citybox est une chaîne d’hôtels au design scandinave contemporain, qui joue sur la fonctionnalité, la durabilité et l’accessibilité. Après Anvers (août 2021), Bruxelles accueillera le prochain bébé de cette petite famille du Nord qui, lentement mais sûrement, trace sa route dans le monde hôtelier. « Notre objectif est de devenir l’une des principales chaînes hôtelières du segment du budget en Europe », a déclaré dans un communiqué de presse son président, Martin Smith-Sivertsen.
Les points forts des établissements Citybox ? Des prix abordables, qui peuvent être ainsi fixés grâce à la disparition de services traditionnels : il n’y a pas de réception – l’enregistrement se fait via des bornes –, pas de service en chambre, pas de groom, pas de télévision, pas de minibars (« La ville est remplie de bars; pourquoi en auriez-vous besoin dans votre chambre ? », argumentent-ils)… Avec tout de même, une personne de contact en cas d’urgence ! Et cela n’empêche pas les chambres d’être modernes et confortables. En outre, le Wi-Fi est gratuit, et la localisation, centrale. De quoi attirer dès lors une large clientèle, surtout parmi les jeunes, aux revenus modestes !
L’hôtel bruxellois de 246 chambres sera aménagé dans le bâtiment actuellement exploité par NH Brussels Louise. Acquise par la société immobilière Pandox en 2022, la propriété sera louée par Citybox dès 2024, pour 25 ans au moins. Les travaux de rénovation seront entamés cette année. « C’est la première fois que nous ouvrirons un hôtel sans que la propriété soit une nouvelle construction ou qu’elle fasse l’objet d’une rénovation complète. La reprise d’une propriété hôtelière existante nous permet de croître plus rapidement », commente encore Martin Smith-Sivertsen.
Infos : ouverture prévue au premier trimestre 2024, 17 chaussée de Charleroi, 1060 Bruxelles, citybox.no
La technologie au service de l’hôtellerie
Enregistrements, gestion des comptes, partage des données, communication interne et externe… À l’ère du numérique, la technologie est devenue indispensable et se révèle bénéfique tant pour le personnel des hôtels que pour la clientèle. Explications avec Ellen Deboeck, General Manager du Hilton Brussels Grand Place.
Par Sigrid Descamps. Foto’s: Pexels.
À quel point la technologie compte-t-elle aujourd’hui dans l’hôtellerie ?
C’est devenu hyper important. Et ce, dans tous les hôtels car tout a changé. Nous sommes davantage que par le passé liés aux données numériques. Cela se voit notamment très fort dans un département comme celui des sales ; il y a dix, vingt ans, on s’y basait sur les informations que l’on recevait, sur ses propres connexions. Aujourd’hui, tout est repris dans un système informatique de manière hyper détaillée. Cela nous donne accès à bien plus d’informations que par le passé et au final, nous rend bien plus efficaces. On a besoin de la technologie pour avancer et il n’y aura pas de retour en arrière. Et cela vaut pour tous les départements… et toutes les générations.
Voit-on des différences d’approche parmi les employés des hôtels ?
Il est clair que les plus jeunes générations maîtrisent bien plus les nouvelles technologies que les plus âgées. Certains « boomers » ont tendance à vouloir conserver le système « comme avant » (rires). En réalité, ce qu’il faut faire, c’est mélanger les deux pour pouvoir exécuter ses tâches en se servant au mieux des datas à disposition. On constate évidemment parfois des freins de la part du personnel, liés notamment à la peur de perdre son travail, aux doutes quant à la réelle efficacité des applications… Il est donc important pour les hôtels de bien communiquer sur ce sujet, d’expliquer en quoi la technologie va être bénéfique, comment elle va nous aider à être plus efficaces. Les craintes sont aussi parfois liées à la vitesse à laquelle la technologie évolue. Il faut veiller à ne pas passer d’un système à l’autre ou à utiliser plusieurs applications en même temps pour une même tâche.
Est-ce que les hôtels utilisent tous les mêmes applications ?
Non, la manière de communiquer change par exemple parfois très fort d’un hôtel à l’autre. Chez Hilton, on utilise Kipsu, un système de messagerie comparable à Whatsapp, qui permet à la clientèle, avant même son arrivée dans l’un de nos établissements, de communiquer avec le personnel de l’hôtel de manière plus informelle que via un simple chatbox avec des F.A.Q., que ce soit pour effectuer une réservation, poser des questions au concierge, etc. Il y a bien sûr des F.A.Q. mais surtout, il y a la possibilité de contacter un département précis. Et là, ce sont les membres du personnel qui répondent eux-mêmes. C’est très apprécié et de plus en plus utilisé. Certains clients ne communiquent d’ailleurs plus que comme cela.
Le contact humain tendrait donc à disparaître ?
Certains clients préfèrent en tout cas le « sans contact ». Pour le check-in, ils préfèrent ainsi utiliser leur smartphone et ne plus devoir passer par la réception. De la même façon, ils veulent utiliser leur smartphone pour activer l’ascenseur ou ouvrir la porte de leur chambre… En fait, ils ne veulent plus de contact. Et ça, c’est clairement le covid qui a changé la donne ! Maintenant, la distinction est très marquée entre les différents types de clients. Ainsi, les gens qui descendent dans les hôtels strictement pour du business préfèrent utiliser la technologie et veulent éviter le contact, tandis que ceux qui viennent pour les loisirs restent attachés à l’interaction avec des personnes en chair et en os. Ce sont les mêmes qui aiment encore utiliser une vraie carte de la ville en papier plutôt que de passer par Google Maps, qui demandent des conseils au concierge, des bonnes adresses, qui préfèrent recevoir leur facture dans une enveloppe à la réception et pas via email… Il faut donc trouver au sein de l’hôtel l’équilibre entre les deux systèmes.
“Certains clients veulent utiliser leur smartphone pour activer l’ascenseur ou ouvrir la porte de leur chambre… En fait, ils ne veulent plus de contact.”
Augmenter la part technologique d’un hôtel a-t-il des impacts sur la quantité de personnel ?
Comme on doit gérer les deux systèmes de front, il nous faut toujours des gens pour tout ce qui nécessite un contact et des gens pour la technologie, ne serait-ce que pour gérer tout le système IT, mais pas seulement. D’une manière générale, cela implique aussi que chacun doit travailler autrement que par le passé. Et ça fonctionne : c’est vraiment plus efficace. La qualité d’un service hôtelier dépend au final de celle de ses datas, du contact humain et du multi-tasking.
Comment réagir en cas de panne ou de piratage d’un système ?
Avant d’intégrer n’importe quelle application, celle-ci est bien testée en amont. On doit pouvoir s’appuyer sur elle en toute confiance, mais il faut malgré cela toujours un plan B. Si pour une quelconque raison, un système ne fonctionne plus, il existe toujours des procédures pour reprendre tout en mode manuel. Et là, l’expérience de chacun joue un rôle important.
Existe-t-il des salons où les responsables d’hôtels discutent de leurs besoins technologiques ?
Il y a évidemment des discussions en interne. La BHA (Brussels Hotels Association) est également très active et réactive dans ce domaine. C’est un sujet de discussion important !