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Terrasses à Bruxelles : vers un modus vivendi entre plaisir de vivre et tranquillité urbaine

Alors que le printemps ramène la ferveur des soirées en plein air, les communes bruxelloises affinent leur politique d’encadrement des terrasses. Entre arrêtés, bon sens et art du compromis, les professionnels du secteur cherchent l’équilibre entre convivialité et respect du voisinage.

Place du Châtelain : les limites d’un apéro qui déborde

Depuis le 1er avril 2025, un nouvel arrêté communal interdit la consommation d’alcool sur la place du Châtelain après 22 heures. Le bourgmestre d’Ixelles, Romain De Reusme (PS), entend ainsi mieux encadrer les usages de cet épicentre des soirées bruxelloises.

« L’idée n’est pas de restreindre les établissements Horeca, mais d’éviter les consommations sauvages sur la voie publique », précise Alex Van Thuijn cofondateur de Compagnie ABC (Bar du Matin, Bar du Marché, Dinghi, Café Flora, Chez Franz…). « Nos terrasses restent accessibles, mais nos terrasses sont toujours sous notre responsabilité. » La mesure restera en vigueur jusqu’au 31 octobre, période charnière pour les établissements de plein air.

Des règles variables selon les quartiers

Ce type de réglementation n’est pas inédit à Bruxelles. Saint-Gilles applique déjà cette interdiction depuis l’été 2023. À Flagey, point de bannissement après minuit, mais une présence policière accrue et un maillage efficace entre les établissements et leurs portiers. Autre variable : les heures de fermeture des terrasses. À Ixelles, depuis 2019, elles doivent être rangées à 00h30. Tout repose sur le niveau de tolérance des autorités et la nature du quartier. Flagey, haut lieu d’affluence, s’en sort grâce à cette fermeture raisonnée. Saint-Gilles opte pour des horaires différenciés : minuit en semaine, 1h les week-ends. « Chez Franz, on range tout à 22h parce que le quartier est résidentiel. À la place Albert, où la densité Horeca est plus importante, les règles sont naturellement plus souples. »

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Une culture du dialogue et du terrain

Chez ABC, le mot d’ordre est clair : adaptation. « On forme nos équipes à la gestion des nuisances. Et on collabore avec les autorités locales. De manière plus générale : dans tous nos établissements ouverts après 1h, nous avons des agents de sécurité tous les week-ends (Café Flora, Bar du Marché, Bar du Matin, Café Luxembourg les jeudis). À chacun son périmètre, sa réalité. » Même logique place du Luxembourg, haut lieu des afterworks du jeudi soir. Les événements y sont soumis à des règles strictes : autorisation préalable, musique coupée à 22h, fermeture à 1h et propreté impérative au petit matin.

De la clope aux mocktails : les nouvelles donnes

Autre sujet sensible : la cigarette en terrasse. On y reviendra plus longuement dans un article sur la question. Rappelons qu’un tiers des jeunes Bruxellois (entre 25 et 35 ans) fume. C’est sans aucun doute plus compliqué à gérer le flux des personnes qui sortent des boîtes de nuit que pour les bars de quartier », analyse Alex Van Thuijn. « Cela dit, l’interdiction du tabac à l’intérieur a aussi ramené une clientèle plus familiale, plus variée Mais avant d’interdire, il suffit parfois d’un peu de bon sens : on s’éloigne pour fumer, et le tour est joué. »

Quant à l’alcool, l’heure est aussi à la modération. La tendance du 0° n’est plus marginale. Jus, bières sans alcool, mocktails et spritz NA séduisent une clientèle diversifiée : femmes enceintes, personnes intolérantes, choix religieux ou envie d’un apéro plus léger. Dans la plupart des bars, le succès des alternatives sans alcool prouve qu’on peut trinquer sans excès, sans pour autant sacrifier l’esthétique du moment.

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Conclusion : Convivialité et vigilance

La terrasse est un art de vivre à Bruxelles. Mais elle appelle, plus que jamais, une gestion fine des équilibres urbains. Respect des riverains, adaptation aux normes, vigilance sur les comportements. Si le plaisir reste intact, il s’accompagne désormais d’une conscience accrue : celle d’une cohabitation harmonieuse entre espaces publics, professionnels de l’accueil, et usagers du quotidien.