Pendant 15 ans, Julien Charpentier et Laurent Dryon ont façonné leur vie autour des images, de la narration et du voyage. Leur société de production vidéo racontait des histoires, révélait l’âme des entreprises. En 2019, ils suivent le navigateur Thomas de Dorlodot qui traverse l’Atlantique. C’est là, entre deux océans, qu’une idée germe : créer un lieu où l’on se sent bien. À la fois chaleureux, simple et sécurisant.
Puis arrive le Covid, et avec lui la nécessité de repenser leur métier. La vidéo change, les formats se raccourcissent, le cœur du travail se dilue. Julien se passionne alors pour le café. Il se forme, devient barista, multiplie les expériences. Laurent continue à écrire des fictions… tout en cultivant une passion depuis l’enfance. Il a grandi dans une famille où l’on fabriquait des biscuits et des desserts, un univers d’ateliers sucrés, de gestes transmis d’une génération à l’autre. Cette culture gourmande, il ne l’a jamais vraiment quittée. Depuis toujours, il nourrit l’idée d’ouvrir un établissement où l’on accueille, où l’on partage.

Un cheminement commun
Les deux amis avancent, parallèlement, vers un nouveau chapitre. Et ils se rendent compte qu’une autre chose les anime : l’hospitalité. Ils aiment recevoir, créer des endroits avec une âme et une architecture intérieure qui raconte une histoire et nous touche sans que l’on sache pourquoi. En 2024, le projet se précise : ouvrir un coffee shop, mais pas n’importe lequel. Ils suivent une formation chez hub.brussels, se font accompagner et peaufinent leur modèle. Ils veulent un café où l’on peut aussi bien manger, où la nourriture raconte des histoires et fait voyager. Ils envisagent même un café transporté… à la voile : un grain vert qui partirait de Colombie pour arriver au Havre, sans moteur, en respectant scrupuleusement la planète. Ils poussent encore plus loin le curseur et imaginent de cultiver leur propre café sur un terrain aux Açores. Des projets en cours de réalisation et en adéquation avec leur vision du monde.
Sūn Coffee Shop : un projet qui se construit comme un film

Leur premier Sūn Coffee Shop ouvre en septembre 2025, dans un espace éphémère transformé par (Re)space, une société fondée par Profirst qui transforme des lieux vacants en espaces de vie. Un partenariat qui se révèle une aubaine pour Julien et Laurent qui profitent de cette opportunité pour se lancer. « C’est un win win puisqu’on est là pour donner vie au pied d’un bâtiment qui va se remplir de locataires. » Résultat : un café sobre et lumineux, parfaitement aligné sur la clientèle business du quartier européen. À l’arrivée, Sūn n’est pas seulement un café. C’est un point de repère. Une histoire de lumière, née sur un bateau au milieu de nulle part, transformée en un projet bruxellois qui parle de cohérence et de reconversion. Un lieu qui, à l’image de ses fondateurs, réunit deux mondes : celui du récit, et celui du quotidien. Et qui rappelle que, parfois, changer de métier, c’est simplement changer d’horizon.
Sūn Coffe Shop : une ligne de conduite
Même cohérence dans le choix des partenaires. « On a choisi un torréfacteur (torrefactory) qui a les mêmes valeurs que nous, » explique Julien. « On propose un blend maison, doux et rond, parfait pour les boissons lactées ; un filtre Banko Gotiti (Éthiopie), floral, élégant ; un Cannela del Fuego, plus épicé, servi en batch brew (un grand mug à 4 €) et un V60 préparé à la japonaise. Et les signatures : Sun Latté au caramel miso maison ; Eclipse, une mousse d’espresso extrêmement crémeuse et un matcha yuzu glacé, avec un sirop maison vif et aromatique. »

L’onigiri : la street-food japonaise au cœur du projet
Côté food, ils cherchent un produit « rapide, sain, accessible » : ce sera l’onigiri découvert par les deux amis lors d’un tournage au Japon. Fantasmé depuis l’enfance par Laurent, fan de mangas, ce triangle de riz farci coche toutes les cases : gluten-free, pratique, nourrissant. Pour les réaliser, ils font appel à Mayu, une japonaise experte qui signe des onigiri inédits. La formule lunch se veut abordable : 13 € pour deux onigiri + un side. Et, prochainement, une bento box, toujours dans cette idée de rester généreux et avec cette ambition d’accessibilité.
Des projets à l’horizon
Sūn Coffee Shop n’est que le début de l’aventure. Leur ambition est claire : l’ouverture d’un nouveau lieu en avril du côté de la place Saint-Boniface dans un espace qui leur appartient. L’idée est d’installer un flagship durable, un lieu-pivot dans Bruxelles et peut-être des collaborations pour ouvrir le soir un bar à saké et proposer un lieu qui combine aube et soirée … « À chaque fois, c’est une nouvelle page blanche à écrire », explique Julien.
Les joies et les défis du métier
Leur approche est claire : avancer étape par étape mais sans naïveté. Ils connaissent les réalités du secteur : l’Horeca est exigeant, les marges sont faibles, la constance est vitale et un seul client mécontent peut faire vaciller ce fragile équilibre. Mais ils y trouvent ce qui leur manquait : le contact immédiat, la satisfaction directe, l’humain. « C’est comme un câlin », dit Julien. « On voit tout de suite l’effet de ce qu’on fait. C’est concret. C’est vrai. »
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