Il y a parfois de belles histoires qui naissent d’une crise. C’est le cas de Terter, qui a germé suite au Covid et à un besoin viscéral de sens. Catherine Tabard et Julien Nève, couple à la ville comme au travail, ont fait de cette parenthèse forcée un tremplin.
Par Françoise Bouzin
« J’avais envie de me lancer dans le véganisme, de tester pour voir… », raconte Julien. « C’est moi qui faisais à manger à la maison, j’ai embarqué toute la famille – Catherine et les trois enfants dans l’aventure. » Une expérience d’abord domestique, devenue peu à peu un projet de vie.
Changer de cap
Catherine, issue du secteur culturel avec pourtant un environnement de travail des plus enthousiasmants, a saisi la balle au bond. « C’était un beau défi à tenter, je savais que ça prendrait du temps, et j’avais envie d’en faire partie. » Julien, lui, passe l’accès à la profession à Namur, potasse ses syllabus, et le couple entre en couveuse chez Hub.Brussels. Mai 2022, un projet concret naît, nourri par les rencontres – notamment avec Emmanuel Gaspard (God Save the Cream) et Line Couvreur (Les Filles), qui les coachent et affinent la carte.
Une première adresse éphémère
En mars 2023, le restaurant Prélude propose de sous-louer son espace. Catherine et Julien saisissent cette opportunité : Terter ouvre le 1er juin 2023, accompagné par le GEL et une belle énergie collective.
L’adresse se veut végétale, sans dogme. Pas de prosélytisme, juste l’envie que « les gens mangent bien ». On y cuisine du bio, du local, du saisonnier. Les jus et les sauces sont travaillés avec soin, tout est fait maison, le tofu mariné ou pané devient presque une signature.

« Notre clientèle n’est pas seulement végétarienne. Beaucoup apprécient notre approche : du goût, de la santé, sans austérité. Même exigence pour la pâtisserie maison : gourmande, mais sans trace de produit animal, » explique Catherine.
Nouvel envol
Conscients que leur première adresse serait temporaire, ils anticipent. Deux ans plus tard, en avril 2025, Terter déménage à 200 mètres, dans un bâtiment qu’ils achètent. « C’était le seul moyen, disent-ils, « de s’en sortir ». L’espace grandit : quatre chambres d’hôtes viennent de s’ajouter au restaurant, ouvert désormais midi et soir. Le pari financier reste serré : Microstart, Bruxelles Finances et Fintro les soutiennent, mais les marges sont minces. « Entre un coût de personnel élevé et la volonté de garder des prix accessibles : l’exercice est difficile », reconnaît Julien.
Un végétal sans posture
Pas d’étude de marché au préalable du lancement de leur petite entreprise mais une intuition juste : « On a senti qu’il manquait un lieu comme celui-là à Bruxelles. On ne voulait pas de la confort food, mais du végétal gourmand et sincère. » Terter revendique une curiosité plutôt qu’un militantisme. L’adresse attire une clientèle fidèle, ravie de (re)découvrir un végétal vivant, loin des clichés.
Et demain ?
Le couple voit plus loin : un site web en préparation, du catering, de la vente à emporter, des petits-déjeuners. « On n’a pas encore trois ans, mais on reste confiants. » Terter, c’est une histoire qui s’écrit à deux, celle d’un couple qui a choisi de cultiver sa passion du bien manger.