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Be-Equipment : Quel mobilier pour mon restaurant ?

On se rend dans un resto ou un bar pour passer un bon moment. L’expérience va donc dépendre du contenu de l’assiette et du verre, mais aussi de l’originalité de la déco, de l’ambiance, de la qualité du service… et du bon choix de mobilier. Ce dernier doit participer à la construction de l’atmosphère tout en étant pratique et confortable.
Par Sigrid Descamps.

Ce n’est plus à démontrer : passer une bonne soirée dans un établissement Horeca ne dépend pas uniquement de la qualité de ce que l’on va y boire et manger. Un tas d’éléments participent à l’expérience, dont la qualité du mobilier. Son choix peut en effet avoir un impact bien plus important que ce que l’on imagine. S’il dénote visuellement du reste ou qu’il est inconfortable, il entachera la « note globale » de l’établissement.

Serge Silber de Marie’s Corner : « Quand Christophe Hardiquest a ouvert Menssa, il voulait un service au comptoir. Il a donc fallu créer des hauts tabourets, qui devaient être à la fois stables, faciles à déplacer et surtout, confortables, car destinés à ce que les gens y restent au moins trois heures. »
Serge Silber de Marie’s Corner : « Quand Christophe Hardiquest a ouvert Menssa, il voulait un service au comptoir. Il a donc fallu créer des hauts tabourets, qui devaient être à la fois stables, faciles à déplacer et surtout, confortables, car destinés à ce que les gens y restent au moins trois heures. »

Coller au concept

« Le point de départ pour choisir son mobilier, c’est coller au concept du lieu », explique Mathieu Rentiers, Managing Director chez Le Botaniste, qui a également par le passé cofondé les espaces hybrides Lulu Home Interior. En fonction de l’identité du lieu, de l’atmosphère souhaitée, du standing visé, on choisit judicieusement ses modèles, tons et matières. Si l’on a envie par exemple de créer une ambiance industrielle, on se tournera vers du bois et du métal ; pour une ambiance plus nordique, vers des matières naturelles et des tons clairs… Pour un espace de type snack ou cantine, ouvert à toute heure, on se tournera vers des matières faciles à entretenir, comme du plastique ou du formica pour les tables… que l’on évitera par contre si on ouvre un espace gastronomique, où l’on privilégiera des matériaux plus nobles.

Hygiène et sécurité

Deux autres points majeurs ! « Il faut que le mobilier soit compatible avec les règles d’hygiène, poursuit Mathieu Rentiers. Il doit être traité de manière à convenir à un usage dans le secteur alimentaire. Par exemple, le plan de travail doit être facile à nettoyer, les tables ne peuvent pas être constituées d’une matière qui risque d’absorber les résidus alimentaires…» Serge Silber, CEO de Marie’s Corner, responsable de l’ameublement de nombreux établissements Horeca en Belgique et à l’étranger, complète : « Il y a aussi tout un volet technique. Il faut répondre à diverses contraintes, dont les réglementations anti-feu qui, en Belgique, varient d’un service de pompier à l’autre. On peut devoir ignifuger les tissus, mais aussi les mousses intérieures et les carcasses des meubles. »

Le bar de Confessions a été réalisé en collaboration avec Kitchen Concept. L’étagère avec les bouteilles suspendues a été faite sur mesure.

À l’épreuve du temps

Autre point primordial : la durabilité. « Le mobilier Horeca est soumis à un usage intensif, à raison de deux services de une à trois heures par jour en moyenne et ce, plusieurs jours par semaine, explique Serge Silber. Cela doit donc tenir dans le temps ! » La résistance aux taches, mais aussi celle à l’abrasion doivent notamment être prises en compte. Pour ce second point, il faut se référer au grade de Martindale. La méthode Martindale simule l’usure naturelle à l’aide d’une machine et indique combien de tours sont réalisés avant que le tissu commence à se déchirer. À usage domestique intense, la moyenne du test Martindale du mobilier en tissu oscille entre 15.000 et 20.000 tours. Pour les meubles utilisés dans l’Horeca, il est recommandé de prendre des tissus dont le grade est supérieur à 20.000 tours. « Cet aspect technique explique en partie pourquoi le mobilier à destination des hôtels et restaurants est plus coûteux que le résidentiel », explique Serge Silber.

Parmi les autres éléments à tenir en compte quand on choisit le mobilier : les assises et les tables doivent être faciles à déplacer, le toucher doit être agréable et de préférence texturé, pour offrir une expérience tactile. Il faut aussi veiller à la pollution sonore : le support ne doit pas « faire du bruit » quand on y dépose un objet, les assises ne doivent pas grincer quand on les déplace…

Qui choisit le mobilier ?

La quête du mobilier incombe souvent à l’architecte d’intérieur chargé de l’aménagement du lieu. Travaillant aussi bien sur des résidences privées que des établissements Horeca en Belgique et à l’étranger, Anno D. , artiste et architecte d’intérieur, vient notamment de signer l’aménagement du bar Confessions, à Ixelles. « J’adopte la même démarche pour les projets résidentiels et commerciaux, explique-t-elle. Je rassemble les informations auprès du client, de façon pragmatique. C’est un vrai travail d’équipe où chacun intervient avec son expérience, son bagage… Mon rôle est de répondre aux demandes, en veillant à la fonctionnalité quotidienne des meubles, leur nombre, leur place dans l’espace, tout en respectant des normes en vigueur et un budget. On réfléchit également ensemble aux matières, aux couleurs… Par exemple, pour Confessions, j’ai opté pour un plan de travail en quartz ultra résistant pour le bar, où sont préparés les cocktails et un tapis chiné au sol, où les taches éventuelles seront moins visibles si on y renverse quelque chose… »

“Si le mobilier dénote visuellement du reste ou qu’il est inconfortable, il entachera la « note globale » de l’établissement”.

Dans les adresses Le Botaniste, l’intention était de recréer l’univers d’une pharmacie du 19e siècle, avec des meubles en chêne massif, des bibelots, des bocaux… qui le rappellent.

Où se fournir ?

Pour ne pas grever son budget, la tentation est grande de s’approvisionner dans les magasins classiques, voire en seconde main. Il faut toutefois veiller au respect des normes d’hygiène et de sécurité évoquées plus haut. « Nous avons par exemple, toujours pour Confessions, chiné quelques chaises chez les antiquaires des rues Blaes et Haute, mais avons remplacé les tissus, commente Anno D. Les banquettes, l’étagère derrière le bar, le bar… ont par contre été réalisées sur mesure. ” Il est donc recommandé de passer par des fournisseurs spécifiques, certifiés entre autres pour le traitement anti-feu des matériaux. Serge Silber : « Le client puise soit dans le catalogue existant soit demande du sur-mesure. Il vient en général avec un concept précis, choisit les coloris des bois, des finitions, des tissus… On est là pour l’accompagner dans sa démarche esthétique, tout en apportant le soutien technique pour l’aider à répondre aux contraintes. »

Combien…

… de sièges faut-il acheter ? Un peu plus que le nombre de places prévues. Dans un espace Horeca, il y a plus de risques qu’ailleurs que vos meubles soient endommagés à cause de chutes, de chocs, d’éléments salissants renversés… Il faut donc prévoir quelques pièces supplémentaires en cas d’accident. Cela permettra, primo, de remplacer illico une pièce abîmée, deuxio, de le faire sans briser la cohérence visuelle du lieu.

… ça coûte de meubler un espace Horeca ? Le budget varie selon la superficie du lieu, du nombre de pièces à acheter, des matières utilisées, des modèles sélectionnés… Mais d’une manière générale, il faut compter entre 10 et 15 % du budget global. Un budget sur lequel il ne faut par ailleurs pas lésiner. Investir dans des pièces bon marché pour réaliser quelques économies n’est pas nécessairement un bon calcul à long terme. Serge Silber : « On estime qu’il faut remplacer le mobilier d’un espace hospitality dans un délai de 4 à 7 ans. Autant miser donc sur des pièces résistantes qui s’usent moins vite. »

 

Acheter ou louer ?

Dans certains cas – un concept à tester dans le cadre d’un pop-up ou un budget serré pour démarrer son projet – , la location est recommandée. Un service de leasing est également proposé par divers fournisseurs, dont Marie’s Corner. Serge Silber : « Il arrive qu’une grosse partie de l’investissement soit fait sur le gros oeuvre, avec des dépassements de budget. Et quand vient le moment d’acheter le mobilier, il n’y a plus assez de ressources pour acheter le produit voulu. Dans ce cas, la formule du leasing est intéressante. Elle s’accompagne en outre de services, comme l’entretien. Ce qui assure à l’établissement de toujours disposer sur la durée, d’assises impeccables. L’achat est étalé sur plusieurs mois. »

 

 

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