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Un chalet aux Plaisirs d’Hiver : une bonne affaire pour les restaurateurs ?

Après une édition 2021 chahutée par la pandémie, Les Plaisirs d’Hiver ont retrouvé leurs quartiers dans le centre de Bruxelles, jusqu’au 1er , voire 8 janvier. Entre les artisans et créateurs, les métiers de bouche sont bien représentés, avec, entre autres, plusieurs restaurateurs. Un bon investissement ? On décrypte.
Par Sigrid Descamps.

Plaisirs d'Hiver
Plaisirs d’Hiver

Considérés par la plateforme de tourisme « European Best Destinations » comme l’un des plus beaux marchés de Noël du continent et par le site Big 7 Travel comme le meilleur marché de Noël au monde, Les Plaisirs d’Hiver ont retrouvé pleinement leurs quartiers dans le centre de Bruxelles depuis ce 25 novembre et ce jusqu’au 1er janvier, hormis sur la place De Brouckère, où la fête sera prolongée jusqu’au 8 janvier. 240 chalets sont répartis entre les places Sainte Catherine, La Monnaie, De Brouckère et la Bourse. Parmi les exposants, des artisans et créateurs, mais aussi, des stands d’alimentation ; des commerçants proposant des produits de bouche ou des cuisiniers habitués à œuvrer sur les marchés et événements tout au long de l’année. Et, enfin, des restaurateurs, qui profitent de l’occasion pour installer là une filiale temporaire de leur établissement. « C’est une belle visibilité, affirme Isabelle Boivin-Perrichet, à la tête des Fondus de la Raclette, qui y loue un chalet depuis l’hiver passé. Le marché voit passer des milliers de personnes et beaucoup de celles qui avaient pris notre carte de visite sont venues manger au restaurant par la suite.» Cédric Mosbeux, créateur et chef de cuisine de Fernand Obb Delicatessen, qui y loue pour sa part un chalet depuis 2018, abonde dans le même sens : « C’est une belle vitrine, en phase avec notre ADN. Nous nous présentons comme un comptoir de cuisine populaire et le fait de nous retrouver dans la rue et de participer à un événement aussi populaire, a tout son sens. Cela nous permet également de toucher un public qui ne vient généralement pas là où nous sommes implantés, à Saint-Gilles ».

Les Plaisirs d’hiver sont considérés par le site Big 7 Travel comme le meilleur marché de Noël…au monde.

Louer un chalet, comment faire ?

Les locations sont régies par le département B2B de Bruxelles Major Events, qui reçoit les candidatures (à envoyer par mail plusieurs mois à l’avance à b2b@bmeo.be). Très nombreuses… Trop au vu du nombre limité de places. « Chaque année, nous recevons plusieurs dizaines de candidatures, nous y explique-t-on. La sélection se fait sur base de nombreux critères, entre autres, le type de produit proposé. Nous veillons à ce que l’offre soit aussi variée que possible. Personne n’est vraiment prioritaire, à part les artisans. C’est pour cela que les critères de sélection sont mis en place. Pour ce qui est des restaurateurs, l’offre « food & drinks » est déjà importante. Nous essayons de diversifier autant que possible les propositions, sans pratiquer pour autant de répartition par type de cuisine. » 

Quant aux coûts, pour la location du chalet, dans le cadre d’une « offre nourriture et/ou boissons à consommer sur place, sans alcool(s) fort(s), le tarif est de 4.800 HTVA. Avec les alcools, 6.000€ HTVA. S’il faut une ligne d’électricité supplémentaire, il faut ajouter 200€ HTVA/ligne. Nous fournissons d’office une ligne de 16A par chalet. »

Fernand Obb
Fernand Obb

Cédric Mosbeux : « Avec Fernand Obb, on a eu la chance de décrocher une place rapidement, la même année que celle où l’on a remporté pour la première fois le prix de la meilleure croquette de crevettes de Bruxelles ». Isabelle Boivin-Perrichet a, elle, attendu quatre ans avant de décrocher son sésame. « Par contre, tempère-t-elle, une fois qu’on a obtenu une place, on est prioritaire pour les éditions suivantes. » A condition toutefois de respecter les règles imposées, comme assurer une présence de 12h à 22h, sept jours sur sept durant les 5 ou 6 semaines de marché, monde ou pas, qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige. Ne pas s’éloigner de ce qui est strictement repris dans le contrat : on ne peut pas, par exemple, changer de menu en cours de route ni ajouter de nouveaux produits, afin d’éviter toute concurrence déloyale. « Nous rédigeons des contrats/conventions pour chaque commerçant, commente le porte-parole de BME. Dans ce contrat figure leur liste de produits. Dès lors, une fois signé par les deux parties, le menu ne peut plus être modifié. Nous effectuons plusieurs contrôles durant le marché pour vérifier que tous les commerçants respectent le menu mentionné dans leur contrat. Pour les commerçants qui ont une offre « drinks », ils doivent en outre utiliser les gobelets réutilisables « brandés » Plaisirs d’Hiver fournis par notre fournisseur. Une caution de 1€ est demandée aux clients. » A noter par ailleurs que cette année, les exploitants installés, dont Les Fondus de la Raclette, sur la place De Brouckère, devront servir leurs plats dans de la vaisselle réutilisable. Un test qui vise à renforcer les mesures de durabilité. En 2023, la règle devra être appliquée à tout le marché.
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L’offre doit être aussi variée que possible. Personne n’est vraiment prioritaire, à part les artisans.

Une bonne affaire ?

Les Fondus de la Raclette
Les Fondus de la Raclette

Pour Isabelle Boivin-Perrichet, les retombées sont encore difficile à chiffrer : « Nous louions un chalet pour la première fois l’an dernier et de ce fait, en plus de la location, nous avons dû investir dans de la déco, du matériel – des petits frigos notamment – et évidemment, du personnel… Avec en plus, les mesures Covid encore en place, au final, ça a été serré : nous sommes rentrés tout juste dans nos frais. » Cédric Mosbeux a, lui, bien senti la différence : « On a fait chou blanc, on a gagné deux fois moins que lors des éditions précédentes. » 

D’une manière générale, c’est une affaire qui peut être intéressante mais qui reste fragile. « C’est sans doute plus intéressant pour un commerçant qui exploite seul et lui-même son chalet, explique Cédric Mosbeux, mais pour ceux qui comme nous, doivent gérer de front le restaurant et le chalet, cela implique des frais supplémentaires conséquents, surtout au niveau des ressources humaines, qui réduisent les marges bénéficiaires. En ce qui nous concerne, on emploie, en plus du staff habituel, une personne pour la journée durant la semaine, deux le week-end et en soirée, durant toute la durée de l’événement.»

Dès lors, pourquoi s’y installer malgré tout ? Une fois encore « pour la belle vitrine que cela représente », répondent nos deux restaurateurs en chœur, mais aussi, « pour l’ambiance unique et conviviale, les relations avec le public et entre tous les commerçants présents. » 

Et ailleurs ?

Quelques communes bruxelloises et brabançonnes proposent leur propre événement saisonnier, sur un laps de temps restreint (le plus souvent un week-end), soit organisé par des associations soit par la commune elle-même. C’est le cas à Anderlecht, où les candidatures doivent être envoyées au service développement Économique de la commune. L’attribution se fait en priorité aux résidents anderlechtois. La location va de 50 € le chalet simple à 100 € le chalet double ; de 150 à 300 € pour un candidat hors commune.

 

Les Fondus de la Raclette : 28 place de la Vieille Halle aux Blés, 1000 Bruxelles, lesfondusdelaraclette.be

Fernand Obb Delicatessen : 27 rue de Tamines, 1060 Saint-Gilles, fernand-obb.be